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En tant que parents, nous souhaitons transmettre à nos enfants certaines valeurs essentielles à nos yeux, mais cette tâche peut s’avérer difficile dans une société en constante opposition, avec des générations qui s’éloignent… Or, quoi qu’il arrive, une chose reste dans la transmission des valeurs : celles qui viennent du coeur, les valeurs profondes et intériorisées, qui se transmettent de générations en générations non par le discours, mais par le vécu.

Les conditions de transmission ont changées

Comme l’explique l’historien Marc Ferro, dans un livre intitulé “ Que transmettre à nos enfants ? “, les codes ont changés : “ Il n’y a pas si longtemps, les enfants reprenaient les mêmes activités que leurs parents. L’héritage professionnel (et les valeurs qui lui étaient liées) s’est aujourd’hui complètement dissous, et les individus ont à coeur de trouver leur propre voie, de se construire leur propre personnalité. « 

Il est vrai que la famille dans ce domaine n’est plus la seule à transmettre. Les enfants sont soumis, dès le plus jeune âge, à de multiples influences, et le climat dans lequel ils évoluent depuis une quarantaine d’années est en profonde modification. D’une part, les institutions, l’Etat, l’école ont perdu de leur crédit, et d’une autre, la société, les médias, véhiculent parfois des valeurs contradictoires, et opposées à celles de l’école notamment : promotion de la réussite sans efforts, promotion de l’exposition de l’intimité, fonctionnement dans l’instantané et la satisfaction immédiate, banalisation des comportements aberrants, surconsommation, criminels… De plus en plus difficile donc, de transmettre dans ce type de conditions.

Un proverbe arabe dit que “ L’homme ressemble plus à son époque qu’à son père “, et ce n’est pas faux. Cependant, sachez que ce contexte particulier que nous vivons de générations en générations, cette difficulté à transmettre dans une société contradictoire, ne veut pas dire que vous n’avez rien laissé à vos enfants. Michel Fize explique notamment que la période de l’adolescence pleine de rébellion, ne veut pas dire que le processus “ d’imprégnation parentale “ n’a pas fonctionné. En effet, une fois la longue parenthèse de l’adolescence refermée, cette influence familiale a de fortes chances de ressurgir !

Nous restons des points de repères

En effet, parents, rassurez-vous, les différences culturelles et les modifications des modes de vie n’empêchent pas la transmission. Même si nous ne sommes pas tout à fait dans le même univers que nos enfants, et encore moins que nos petits-enfants, nous restons tout de même un important point de repère pour eux. Prenons en exemple la fidélité des couples : même si les nouvelles générations n’ont pas les mêmes moeurs que nos grands-parents, que nos enfants ne vivent pas comme nous, ne se marient pas, ne sont pas entrés dans un engagement à vie comme beaucoup de jeunes le faisaient à l’époque. Malgré cela, il reste une interrogation dans leur conscience : comment ont-ils fait pour rester fidèles ? Qu’est-ce que ça peut avoir comme valeur ?

Comme nous l’explique clairement la thérapeute Jeannine Marroncle, Ce que nous transmettons nous échappe “. Tellement de gens veulent transmettre des valeurs et n’y arrivent pas. Pourquoi ? Parce que ce qui est transmis n’est pas de l’ordre de notre vouloir, mais de l’ordre de ce que nous sommes, de notre humanité la plus profonde. Et les obstacles à notre humanité, et donc à notre capacité à transmettre de belles choses à nos enfants par ce que nous reflétons, sont nos craintes, nos peurs et nos refus, autant de choses que l’on transmet aussi !

Confiance et transmission

Que les parents continuent à transmettre des valeurs essentielles, profondes, intériorisées, non par le discours, mais par le vécu, c’est aussi l’idée que développe le psychiatre et psychanalyste Philippe Jeammet. “ Ce qu’on transmet à nos enfants, dit-il, ce n’est pas tant ce que l’on maîtrise, qu’un état d’esprit. Et cet état d’esprit, c’est avant tout la confiance dans l’adulte, dans l’être humain, dans le monde qui l’entoure. “

Cette confiance en soi et dans les autres se construit chez le petit enfant, à travers ses parents, le regard qu’ils posent sur lui et sur le monde, et ce sentiment de sécurité qu’ils lui donnent ou non. A l’inverse, plus l’enfant se sent en insécurité, moins il va avoir confiance dans le monde, et plus il va avoir peur du changement. C’est ce climat de confiance qui tisse le fil de la transmission.

Transmettre ce n’est pas reproduire, mais innover

Enfin, comme le rappelle superbement Philippe Jeammet : “ Plus on se sent en insécurité, moins on a confiance en soi, plus on va avoir besoin de s’agripper à des valeurs figées, car dès que ça bouge, que ça change, on se sent menacé. Quand on est inquiet, on voudrait transmettre de façon figée la politesse, des biens matériels, une structure sociale, qu’on pense avoir trouvés une fois pour toutes. Or, transmettre du même, c’est un peu transmettre la mort : les sociétés primitives dont les rites se sont figés sont mortes à force de transmettre du même. La vie, c’est l’ouverture au changement. Certes, précise-t-il, les changements se sont accélérés ces derniers temps. Les jeunes ont des modes de vie différents de ceux de leurs parents, une culture et des rites sociaux différents, d’où le sentiment que « tout fout le camp». Qu’on assimile à « il n’y a plus de valeurs». C’est une illusion : la forme peut changer, mais le fond rester.

Alors, retenons que nous portons en soi l’essentiel de ce que nous ont transmis nos parents, et que nous pouvons transmettre à notre tour nos valeurs en acceptant qu’elles soient mises en pratique différemment. Et il ne faut pas s’alarmer si nos enfants prennent leurs distances et n’épousent pas nos modes de vie. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu transmission. Et surtout, ne pensez pas que ce que vous avez à transmettre n’a plus d’importance, c’est faux. Nous avons tous énormément à transmettre, et là se trouve toute la beauté des relations humaines. Vous ne pourrez jamais tout contrôler, mais ne renoncez pas à transmettre à vos enfants ce bagage de confiance en l’être humain, et la capacité de croire en la magie de la vie !

Source : https://www.la-croix.com/

 

 

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